Deux textes de Jos Garnier
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quelquefois c’est moins épais ça tire moins la langue saugrenue bouffée d’ersatz qui se mâchouille sans manières préférentielles à moins que ça tire droit contre la bêtise et l’insuffisance d’esprit on en redemande une portion allongée sur le socle des vanités paresseuses on est touché à la pointe des reins là où s’abandonnent les fluides du coeur sauvagerie éclipsée pour un instant incandescent hors limites cette affreuse solitude que l’on enserre jusqu’à la passion électrique passivité encavée malgré nous en dehors de nous on se surprend à feindre l’impatience boule de rien comme un poing fermé dont on lisse l’aigreur on se mettrait dans ces bras là on s’y réchaufferait sûrement si on y mettait l’index à tâter pour voir si c’est du vrai du solide du qui vous maintiendrait la colonne ces bras qui vous embarqueraient pour une danse à l’envers comme dans les musettes monochromes avec juste ce qu’il faut de flou au bord des lèvres la nuit enrage de ne pouvoir rattraper ces maigres rêves décalqués au feutre doux le corps se clipse au drap par la force éteinte obturée d’un palais de glace et toujours sur mes doigts la dissolution de l’horizon sans sommeil peut-être dès le matin je vois la déchirure de verre la tendresse vendue au labyrinthe du silence il faut comprendre l’expérience de l’amour embourbé sans fin sans un mot malheureux comme si on pouvait follement à deux savoir la couleur des flammes silex inviolé de peur contre le rien troué ou foudroyé du quotidien poison ou même l’innocence du petit jour sans paysage traversée invisible nous sommes éphémères à chaque battement